Mamedy Diawara : « Le derby, c’est un match particulier »

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Quelques jours avant le derby historique qui opposera les Canonniers à Joeuf Homécourt aux Arènes de Metz, le capitaine des grenats Mamedy Diawara nous a accordé une interview « spéciale derby ». Nous y évoquons l’historique de la rencontre, la première aux Arènes, le retour en forme de l’équipe mais aussi le regard du capitaine sur son club…

 

Tu es au club depuis 2011, que représente ce derby pour toi ?

Pour tout vous dire, au début c’était un match comme un autre pour moi. Années après années on m’a expliqué les différentes tensions qu’il pouvait y avoir dans le contexte derby. Je me suis imprégné peu à peu de cet esprit derby.
Joeuf était en N3 et nous en N2, on ne jouait pas forcément contre eux. C’est quand Joeuf est monté en N2 que la rivalité a commencé à renaître. C’est là que j’ai compris toute l’importance du derby. Il y avait beaucoup de monde lors des matchs à Joeuf et à Sainte-Marie. C’est vraiment un match à part.

 

As-tu des souvenirs particuliers liés à ce match ?

Il y en a un qui trotte dans ma tête, j’en reparlais encore avec des coéquipiers il y a quelques jours. Il y a 3 ans, on joue là-bas, les dernières secondes sont vraiment tendues. Je mets un tir pour revenir à 3pts de Joeuf. Ensuite, j’ai une balle de match dans le corner, il restait quelques secondes, je prends le tir… La balle fait le tour du cercle et ressort. Il y a ce souvenir qui reste mais aussi les défaites à la maison qui font mal, on ne va pas se mentir.

 

Du coup cette semaine c’est entrainement trois points depuis le corner à volonté ? 

(rires) Non même pas ! Tu ne connais jamais la vérité d’un match à l’avance. On essaie juste de se préparer au mieux, avec application. Pour ce genre de matchs il ne faut pas « s’inventer une vie » mais rester sur ce que l’on sait bien faire.

 

L’ambiance était plutôt corsée lors du match à l’extérieur l’an passé. Y a-t-il un esprit de revanche, voire de vengeance quant à ce match ?

Non, pas d’esprit de vengeance. Mais on ne va pas se le cacher, dans nos dernières oppositions ils ont été plus forts, aussi bien chez nous que chez eux. On a à cœur de laver l’affront, oui. On va tout faire pour gagner ce match, pour la première fois on joue à Metz, aux Arènes et c’est quelque chose de fantastique de pouvoir recevoir Joeuf dans cette salle. On espère que la fête sera belle, j’appelle tout le peuple grenat, les supporters de foot, de handball à venir nous soutenir pour que le public joue son rôle de 6ème homme.

 

Tu évoques les Arènes, c’est une première pour le basket messin. Comment l’équipe appréhende-t-elle cela ? 

C’est une première oui ! C’est vraiment quelque chose de magique, de fort ! Moi qui suis à Metz depuis 2011, si on m’avait dit qu’on allait jouer un jour aux Arènes je vous aurais dit « mais n’importe quoi ! »
Je me prenais à rêver quand j’allais voir les matchs du Metz Handball, je me disais que ce serait chouette d’avoir un match de basket aux Arènes. Ce rêve est devenu réalité.
Quant à notre préparation, on va pouvoir s’entraîner là-bas avant le match pour prendre nos repères. La salle est beaucoup plus grande que le Palais des Sports, les repères sont différents. C’est quelque chose qui doit nous galvaniser et non nous inhiber.

 

Le club a mis les petits plats dans les grands pour marquer le coup. Il y aura une nouvelle fois la fanfare mais aussi un kop de supporters qui viendra chanter. Le public viendra en masse, c’est important pour toi cette ambiance ?

Totalement ! On sait que les supporters de Joeuf viendront en masse, et tant mieux, mais on sait que nos supporters seront présents ! Avant tout c’est une fête, même s’il y a une rivalité. Ce que je regrette c’est qu’on veuille créer des tensions qui vont au-delà du basket entre les joueurs de Joeuf et nous car hors terrain il n’y a aucun problème. Les guerres de clocher du passé nous importent peu, on veut une belle fête en tribunes, dans le respect.

 

L’équipe s’est sortie d’une mauvaise passe grâce à une belle série de victoire, c’est le meilleur moyen d’aborder un derby ?

Bien sûr, c’est la meilleure manière possible. On est sur 3 victoires d’affilée et il y a une progression constante dans notre jeu. Cela se caractérise par plus de collectif, on a encore une marge de progression mais on voit qu’on a vraiment avancé par rapport au début de saison. On arrive avec le plein de confiance mais il faut rester en alerte, le derby c’est un match particulier.
Le match ne va pas se jouer sur le côté tactique, technique, mais sur l’envie. L’équipe qui aura le plus la dalle va l’emporter.

 

Selon toi c’est vraiment le collectif qui a permis le retour en grâce des Canonniers ?

Il ne faut pas oublier que l’effectif a été renouvelé à plus de 60%, il faut du temps. Un collectif ne se crée pas du jour au lendemain. On a eu des retours de longues blessures, dont je fais partie. Il faut du temps pour trouver cette alchimie. La défaite contre Gennevilliers était un mal pour un bien, ça nous a mis une claque dans la gueule. Après cette défaite, il y a eu une remise en question globale pour savoir ce qu’on pouvait faire de mieux pour l’équipe. Il fallait du temps pour que la mayonnaise prenne même si nous avons encore pas mal d’axes de progression. J’espère que c’est de bonne augure pour la suite du championnat.

 

Tu évoquais le renouvellement de l’effectif. Il y a eu des départs, des arrivées. Quel regard portes-tu ce renouvellement ?

L’équipe avait besoin d’être renouvelée, ça faisait un moment qu’on était ensemble. On avait une équipe qui commençait à devenir vieillissante. Il fallait apporter du sang neuf. Il faut laisser la place à des jeunes. Aujourd’hui je suis content de voir un jeune comme Henok Affa, qui est arrivé au club sur la pointe des pieds, devenir un cadre de l’équipe. J’espère que ça va donner un bel exemple à des jeunes qui sont derrière. Ce renouvellement était vraiment nécessaire. Peut-être qu’un jour, en fin de saison ou pas ça sera aussi mon tour de laisser ma place car il y a un temps pour tout.

 

Tu joues un peu moins cette saison, dans un rôle en sortie de banc. Est-ce que cela te permet d’apporter encore plus d’intensité dans le match quand tu rentres ?

Avec ma blessure, on m’avait clairement dit dit que je n’allais pas revenir. Pour moi c’était un challenge. Je pense que je l’ai relevé avec brio car aujourd’hui mon genou va bien. Je prends du plaisir à être avec ce groupe au quotidien, j’en ai été sevré pendant un an et pouvoir m’entraîner, être au cœur de la vie du groupe, transmettre mon expérience, c’est déjà quelque chose de fort. Oui, je joue moins mais dès que je rentre sur le terrain j’apporte tout autant, mon rôle me plaît même si je joue moins. Par contre, j’ai toujours cet esprit « jeune ». Que ce soit à l’entrainement ou en match, je me donne à fond. Il n’y pas d’histoire d’âge ou de blessures. Je ne veux pas qu’on me fasse de cadeaux par rapport à ça. J’ai toujours la dalle qui me transporte sur le terrain et à 37 ans, je veux toujours me déchirer sur le parquet.

 

On voit de plus en plus ce côté capitaine et « grand frère » dans ton attitude avec les autres. Peut-on s’attendre à voir un coach Mamedy dans les années futures ?

(Rires) Non !
Je coache déjà les jeunes au Pôle Espoir, les sections sportives au Collège Arsenal mais aussi les filles en Pré-Nationale. J’aime transmettre mais je ne me vois pas coach au niveau Nationale 2. Un autre rôle me plairait peut-être.

 

Un rôle dans le staff de Philippe Ory en tant qu’assistant ?

Non ! (Rires)
Si tu es assistant tu es aussi coach quelque part. Mais un rôle de manager pour faire le lien entre le sportif et les dirigeants me plairait beaucoup.
Pour en revenir au côté « grand frère », cela a toujours été important pour moi d’être là pour mes coéquipiers, même avant d’être capitaine. C’est sûr que cela s’est accentué avec mon expérience. J’ai aussi été jeune, cela me tient à cœur d’aider les jeunes en tant qu’homme et en tant que basketteur. Ils me rendent bien car être à leur contact me bonifie. J’ai toujours fait ça naturellement, sans calculer.

 

A t’entendre Mamedy… Tu n’as pas envie de t’arrêter ?

Cela dépend de plein de choses ! On verra comment mon corps réagit en fin de saison. Aujourd’hui je ne suis pas à 100% de mes capacités. Est-ce que je vais retrouver un jour le 100% ? Je ne sais pas mais je mets toutes les chances de mon côté pour être à fond. J’ai cette mentalité de compétiteur et ces 11 mois d’inactivité m’ont quelque part reboosté…
Cela m’a fait prendre conscience que le basket c’est vraiment ce que j’aime, je suis heureux quand je viens à l’entrainement. L’âge ça ne veut rien dire. C’est l’état d’esprit qui compte, il faut savoir accepter son rôle mais je suis toujours compétiteur, j’ai toujours la dalle et on verra en fin de saison ce que je devrai faire. A l’heure actuelle, je profite de chaque instant et si je dois arrêter, j’arrêterai sans regrets. Je ne voulais simplement pas m’arrêter sur une blessure, ni revenir pour faire de la figuration.

 

 

Propos recueillis par : Arthur Carmier et Matthieu Henkinet
Crédits photo : Matthieu Henkinet

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